Pire, je n'avais pas publié ce billet sur "Pourquoi ma mère me rend folle", le premier livre de F. Laborde sur cette maladie. Mettons un peu d'ordre. Le voici. Un second billet sur le second livre suivra.
Résumé
Maladie d’Alzheimer, ces mots qui
signifient démence, disparition d’une personnalité dans le brouillard de la
folie nous effraient, comme ils effraient Françoise Laborde, journaliste,
auteur de ce récit sur la maladie de sa mère.
Mais, en fait, ce qui me paraît plus
inquiétant encore, c’est la violence de cette chronique familiale sous des
dehors de parfaite convenance.
La mère, Marion, 78 ans, a connu un
grand amour avec un pilote de la RAF pendant la 2ème guerre
mondiale. Elle est devenue résistante avec lui. Il est mort. Elle ne s’en est
jamais remise et a épousé un universitaire, professeur d’anglais, parce que la
vie doit continuer : « depuis ce temps là, elle se survivait ». Elle est
devenue une mère de famille (3 filles) bourgeoise et frustrée.
Son mari, Jean, 83 ans, ne veut pas
croire à la maladie de sa femme et « comme toujours ne voit rien, n’entend
rien, ne remarque rien. A son habitude, il préfère se voiler la face, et faire
comme si de rien n’était ». Il croit probablement ne pas pouvoir lutter
contre des malheurs insoutenables : le souvenir d’un amour idéalisé et disparu,
la maladie incurable.
Les filles :
· Mathilde, 46 ans, l’ainée, mal aimée, élève médiocre, a toujours joué les garçons manqués pour se faire remarquer, attirer l’attention, l’affection de sa mère. Mise en compétition à l’école avec sa sœur cadette, elle n’a jamais eu confiance en elle.
· Clotilde, 45 ans, la cadette, bel enfant, bonne élève, la chouchoute de la mère, se conforme à ses attentes,
· Isabelle, 41 ans, la benjamine, l’auteur. A longtemps, jusqu’à 7 ans, été dénommée le bébé. Ensuite, elle s’est soumise aux volontés de Clotilde ou s’est efforcée de n’attirer ni l’attention, ni le courroux de sa mère.
Le cercle familial paraît étouffant ;
les filles essaient de s’émanciper par le mariage, les études et la vie
professionnelle. Mathilde et Clotilde divorceront. Isabelle vivra séparée de
son mari. Elles garderont dans leur vie adulte les traces de leur malheur enfantin
et une certaine complicité.
Isabelle, la plus adulte des sœurs,
entreprend de prendre du recul, de mettre à jour la névrose familiale et relate
les épisodes de la folie maternelle. Quelques scènes nous touchent :
comment la mère, en plein désarroi, veut fuir l’hôpital où elle doit passer la
nuit, comment la fille, en lui faisant
quelques soins, retrouve un instant sa mère habituellement plongée dans la
folie, comment Isabelle se démène pour faire une fête d’anniversaire de mariage
à ses parents et se voit accusée de vol par la mère. Quelques réflexions nous
questionnent : comment entourer un parent qui ne nous a pas aimés, que
l’on ne reconnaît pas, qui ne nous reconnaît plus ? Est-ce que notre corps
et notre esprit cassent et fuient dans la folie, excédés par un passé et un
présent trop lourds ?
Ce récit, l’écriture sont des remèdes,
une psychanalyse peut l'être, pour prendre
du recul et comprendre le réel.
L'intérêt du livre
C'est une chronique familiale dans un milieu bourgeois.C'est une petite histoire banale et amère dans laquelle se glisse le début de l'horreur Alzheimer. Après Alzheimer au sein d'un couple (L'éclipse), voici Alzheimer au sein d'une famille. Ce n'est plus cet autre si proche qui sombre, c'est la mère, une autorité évidente, structurante, dans la vie familiale, qui est atteinte. On quitte la tension lyrique de S. Rezvani pour l'attention tendre et féroce de F. Laborde. Une même maladie, des éclairages différents.
L'auteur
Françoise Laborde
Pour en savoir plus
Ce site est d'origine québeçoise
Référence
Pourquoi ma mère me rend folle - Françoise Laborde - Ramsay - Récit - 2002 - ISBN 978-2841146000
L'auteur
Françoise Laborde
Pour en savoir plus
Ce site est d'origine québeçoise
Référence
Pourquoi ma mère me rend folle - Françoise Laborde - Ramsay - Récit - 2002 - ISBN 978-2841146000
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire