mercredi 15 janvier 2014

La conversation amoureuse - Alice Ferney


Un autre livre d'Alice Ferney, après Les Autres. Une même façon de faire : les choses que l'on se dit à soi, celles que l'on dit aux autres, et cette communication au-delà des mots qui va de l'un à l'autre.
 Le résumé

On est dans une rencontre amoureuse, un homme, une femme, le cercle de leurs proches. Lui, Gilles André, 49 ans, séducteur expérimenté et séduit ; elle, Pauline Arnoult, 25 ans, sincère, gaie,  heureuse au quotidien. D'emblée, ils le savent tous les deux, ils se plaisent. La conversation commence, après quelques regards, par une marche dans la rue, c'est une danse. Lui irait bien directement au but ; elle a besoin de temps ; il va lui proposer de prendre un verre,   la charmer en lui parlant de sa voix de velours ; elle va s'épanouir en l'écoutant. Ils vont rire en se découvrant, s'étonner de se plaire. Ils vont aller diner, se raconter leur vie à grands traits, éprouver leurs désirs et leurs affinités. Ils rejoindront leurs amis à la soirée prévue. Lui, robuste et attentionné, gardera son équilibre dans ses activités quotidiennes, auprès de sa femme, de sa fille,  d'autres femmes et lui gardera une tendresse et une attention particulières. Elle, plus fragile et dépendante,  traversera une mauvaise période. Elle lui vouera une dévotion discrète. De temps à autres, ils célèbreront leur complicité.

A. Ferney va entrecouper son récit de d'aperçus sur les couples amis,  de digressions sur la fidélité, la coquetterie, l'indépendance des femmes, les enfants, le divorce, la veille histoire de l'homme chasseur et de la femme aux abois... Guillaume Perdereau, 45 ans, dont c'est le troisième mariage et Louise, la trentaine,  qui n'a pas d'enfant. Jean et Marie qui est jalouse des amies de Marc, Eve qui n'a plus d'amour, et Max qui se sent exploité, Mélusine qui boit dans la cuisine de sa maison de banlieue et Henri qui ne comprend pas, Pénélope veuve d'une histoire d'amour qui se rapproche d'un vieux monsieur, Gilles, notre héros, et Blanche, son épouse lasse de ses incartades qui demande le divorce, Pauline, notre héroïne et Marc qui est un si gentil mari...

dimanche 22 décembre 2013

Les autres - Alice Ferney





 Comment transformer une fête d'anniversaire en psychodrame familial ? Vous le saurez en lisant "Les Autres" !

Le résumé
Prenez une famille : la grand-mère, Nina, matriarche centenaire , la mère, Moussia, épouse délaissée, les fils, Niels, l'aîné mal aimé, et Théo, le cadet bien aimé. Ajoutez un père absent, une guirlande de jeunes femmes, Marina, mère d'un petit garçon, Estelle, fiancée lumineuse de Théo, Fleur, aimable fiancée de Claude, un ami de Théo. Voilà pour la présentation. Faites-les jouer à un jeu de questions réponses. Secouez bien.  Vous obtenez les pensées intimes de chacun, l'enregistrement d'une soirée familiale comme un film pris sur le vif et le commentaire de la soirée assuré par un psychologue averti, l'auteur. Monologues, dialogues et commentaires, trois versions d'une même histoire.

L'intérêt du livre
Il réside dans cette triple écriture. Les deux premières parties, monologues et dialogues, constituent presque une pièce de théâtre. Présentation des personnages par eux-mêmes, comme un prologue, et c'est la pièce, la soirée :  les échanges entre les participants. La troisième partie apporte les éclaircissements de l'auteur aux questions que l'on s'est ou non posé.

dimanche 29 septembre 2013

Une femme à Berlin - Journal 20 avril/22 juin 1945

L'auteur, une jeune berlinoise est restée longtemps anonyme et pourtant elle est toute proche.


Imaginez 1945, l'effondrement de l'Allemagne nazie. Les Russes déclenchent l'offensive de la Baltique aux Carpattes en début d'année. L'Armée Rouge avance rapidement et sème la terreur. Les Alliés sont sur le Rhin et progressent vers l'Est. En février 1945, c'est Yalta. Berlin sera occupée par les Russes. Les Américains ne pousseront pas leur avancée. Les positions allemandes sont débordées le 19 avril. L'assaut soviétique sur le Reichstag débute le 30 avril, date du suicide d'Adolph Hitler et d'Eva Braun La capitulation des forces allemandes est signée le 7 mai.
Pendant ce temps, 2 millions de Berlinois doivent survivre sous les bombardements, sans eau, ni électricité, ni approvisionnement ; on compterait plus de 40.000 morts, civils et soldats et 100.000 Berlinoises violées.

Le journal démarre le 20 avril, sous le bruit des bombardements, dans un appartement déjà endommagé, où il n'y a plus rien à manger, où les informations, la radio n'arrivent plus. Tout un peuple se retrouve à la "cave-caverne", notre héroïne aussi un cahier sur les genoux pour noter ce qui se passe et essayer de tenir les évènements à distance.

Les jours se succèdent : les heures s'enchaînent, heures passées à la cave la nuit pour se protéger des bombardements, heures passées à dormir le jour pour récupérer dans des appartements saccagés par les bombardements, heures passées à  trouver de quoi manger, faire la queue pour obtenir des tickets de ravitaillement, de quoi se chauffer, piller, éviter les soldats, échanger des nouvelles et parler ou ne pas parler "de ça".

L'ordre établi s'effondre. Notre héroïne se rapproche d'une autre femme, sa voisine, la veuve, et,ensemble elles s'efforcent d'affronter la situation -les hommes, les vrais sont à la guerre.

Les Russes sont là. Ils envahissent les rues, les maisons. Les Allemands,-ceux qui sont là, vieux ou malades, les Allemandes se cachent mais ils sont découverts. Notre héroïne parle un peu russe et essaie de s'interposer. Bientôt elle est piégée. Un autre soir, des Russes envahissent l'appartement où elle est réfugiée. Elle ne pourra pas s'échapper.  Une autre fois encore, les portes de l'appartement ne ferment plus, des soldats entrent, vont et viennent. Ca suffit. Elle prend une décision et ne subit plus : elle cherche un gradé, Anatol, qui lui évitera au moins les assauts de multiples soldats.

Ils continuent cependant d'envahir l'appartement, apportent de quoi manger, de quoi boire..  Parmi ces homme, un adjudant, Andréi, marxiste orthodoxe, ne se laisse pas aller au viol et quelques autres avec qui une conversation est possible... Anatol disparaît. Un autre gradé se porte volontaire pour le remplacer. Lui aussi est un homme normal, abîmé par la guerre, cherchant un peu de repos.

Ce qui amène notre héroïne à se poser des questions : est-elle devenue une putain ? Oui, puisqu'elle vit de son corps et qu'en échange, elle reçoit de la nourriture. Non, puisqu'on ne voit pas où pourrait être sa marge de manoeuvre. En quoi est-ce un métier indigne ? Non, ce n'est pas indigne, mais cela ne lui convient pas. Elle veut être libre de disposer d'elle-même. Les viols sont si nombreux que les femmes en parlent entre elles et cela les aide. Les hommes préfèrent ne pas savoir. Des jeunes filles,violées, restent cachées, muettes, et ne peuvent surmonter cette épreuve.

Ici ou là, quelques remarques sur le statut des hommes : les Allemands en guerre qui ne se sont pas mieux comporter que les Russes à Berlin, sur les Russes tout aussi brisés par la guerre ; sur le statut des femmes contraintes de se débrouiller seules et qui n'oublieront plus cette capacité à être autonome. L'ami de notre héroïne reviendra, ne reconnaitra pas la femme aimée avant la guerre et ne supportera pas la lecture des cahiers.

Et les Russes disparaissent. Les provisions qu'ils apportaient, n'arrivent plus.  Comment survivre ? Premières sorties dans Berlin, silencieuse, dévastée ; premiers rayons de soleil ; premières tentatives d'organisation. Manger, manger n'importe quoi, mais survivre. Un recommencement se fait peu à peu : essayer de nettoyer la maison, de se laver, accepter un travail très rude contre une souppe, chanter, se souvenir de chansons ou de poèmes aimés, participer à un projet d'édition...

Notre héroïne subit un maelstrom, mais elle n'est pas engloutie. Sa force de caractère, son esprit de décision, sa culture, son humanisme, sa joie de vivre lui permettent de survivre. Elle dessine le portrait d'une femme libre, née des affres de la guerre. Une leçon à ne pas oublier.


Citations
"Et tout le monde brûle les livres. Tout au moins nous procurent-ils encore de la chaleur et de la soupe quand ils s'envolent en fumée."

"Physiquement, je me sentais mieux, maintenant que je voulais quelque chose, que je planifiais, que j'agissais et n'étais plus une simple proie réduite au slence."

"Les nôtres ont sans doute fait la même chose là-bas."

"Je sais seulement que je veux survivre -à l'encontre de toute raison, absurdement, comme une bête."

Références
Première parution en 2006
Trad. de l'allemand par Françoise Wuilmart
Présentation de Hans Magnus Enzensberger
Collection Folio (n° 4653), Gallimard
Parution : 17-01-2008 ISBN : 9782070349494

dimanche 21 juillet 2013

Les Lisières - Olivier Adam

Il y a longtemps que je n'ai pas écrit. J'ai lu ou relu des choses intéressantes sans avoir l'envie, ni la compétence, de les commenter. Aujourd'hui, je retrouve ce message en attente sur Les Lisières d'Olivier Adam. Autant le publier. J'ai passé un bon moment en lisant ce roman.

Le résumé

Les Lisières parlent de Français que nous connaissons bien, des Français de classe moyenne, à l'approche de la quarantaine, périurbains. Le livre est daté : autour du tsunami de 2011 à Fukushima et de l'élection à la primaire de la gauche. Il est situé, géographiquement, en périphérie parisienne, sur la ligne D du RER, à Paris, pour le temps de l'enfance, de l'adolescence et le début de l'âge adulte, en Bretagne, peut-être près de Saint Malo où vit Olivier Adam, pour le moment de la maturité, au Japon pour le temps idéal du paradis et de l'avenir espéré. Il est coloré politiquement un reste de gauche communiste et une tendance Front National pour le père, un zeste de gauche bobo pour Paul , notre héros, un zeste de Sarkozysme pour son frère.


dimanche 4 novembre 2012

Ma mère n'est pas un philodendron - Françoise Laborde


Ce livre est donc la suite de "Ma mère me rend folle. Il s'agit moins maintenant d'une chronique familiale et davantage d'un travail de journaliste. La journaliste, l'adulte F. Laborde, prend le pas sur la petite fille, la benjamine, le bébé du livre précédent. A sa suite et avec soulagement, nous nous engageons dans une enquête et une réflexion adulte.

Le résumé
Reprenons les mêmes personnages : la mère, Marion, atteinte de la maladie d'Alzheimer à un stade avancé, 78 ans, Jean, son mari, 83 ans qui fait face comme il peut. Ils vivent maintenant dans leur maison de campagne, près de Saumur. Ils ont 3 filles, Mathilde, l'aînée, qui vit avec eux et les aide dans la vie quotidienne, Clotilde, la cadette, qui a été l'enfant préféré de la mère et niera longtemps la maladie, Isabelle, la benjamine et l'auteur, qui essaie de voir clair et sur sa famille et sur la maladie.

lundi 22 octobre 2012

Pourquoi ma mère me rend folle - Françoise Laborde



Bizarre, bizarre... Je viens de finir le billet sur "L'éclipse" de S. Rezvani et je tombe à la bibliothèque sur "Ma mère n'est pas un philodendron" de F. Laborde. Alzheimer, à nouveau...
Pire,  je n'avais pas publié ce billet sur "Pourquoi ma mère me rend folle", le premier livre de F. Laborde sur cette maladie. Mettons un peu d'ordre. Le voici. Un second billet sur le second livre suivra.

Résumé
Maladie d’Alzheimer, ces mots qui signifient démence, disparition d’une personnalité dans le brouillard de la folie nous effraient, comme ils effraient Françoise Laborde, journaliste, auteur de ce récit sur la maladie de sa mère.
Mais, en fait, ce qui me paraît plus inquiétant encore, c’est la violence de cette chronique familiale sous des dehors de parfaite convenance.

dimanche 14 octobre 2012

L'éclipse - Serge Rezvani

Un homme, une femme ; 50 ans de bonheur. Alzheimer : 10 ans de malheur.  La femme succombera à la maladie ; l'homme aurait pu ne pas en réchapper.

Le résumé
L'histoire commence le 11 août 1999, un jour d'éclipse, où Serge Rezvani obtient la confirmation d'un diagnostic qu'il connaît déjà et que sa femme ne peut plus admettre. Tout ce qui fait le charme, l'intelligence, la beauté de sa femme, tout ce qui constitue leur complicité et leur amour va s'évanouir. Il va vivre avec "une morte sans cadavre".